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FOLKLORE ET MYTHOLOGIE BRETONNE - 3 LIVRES INCONTOURNABLES

Demat !!!

Laissez-moi vous raconter un conte breton et vous présenter trois livres que j'estime incontournable pour tous les amateurs de légendes bretonnes et celtiques.




La mythologie bretonne constitue le fonds des croyances de la Bretagne. Les peuples celtes d'Armorique connaissaient probablement, avec leur mythologie celtique, plusieurs divinités et créatures spécifiques associées à des cultes de la nature. On en retrouve quelques traces chez certains saints bretons et dans les contes et légendes. Ce fonds mythologique est accepté par les Romains puis nettement christianisé, provoquant la perte partielle des grands récits et la destruction ou la conversion des lieux de culte païens.

Heureusement il reste des fondement de cette culture, et si l'on fait l'effort d'extraire les parties christianisées, bien que certaines sont elles-mêmes imprégnées de culture celte, on retrouve parfois le message d'origine de ces contes.

Je vous en ai d'ailleurs présenté dans les articles : 


En voici un recueilli par Paul Sébillot et conté en 1885 par François Marquer, de Saint-Cast.

Envie d'écouter ce premier conte ? Voici la vidéo, pensez à vous abonner :



LES POISSONS ET LE PÊCHEUR




Il était une fois un vieux pêcheur qui jetait de l’appât autour de son bateau pour attirer le poisson ; mais il avait beau faire, il n’en voyait venir aucun. Comme il allait lever l’ancre pour chercher un meilleur endroit, il vit approcher une troupe nombreuse, qui s’arrêta près de son bateau. Il tendit ses filets, et quand il les retira, il y avait au fond un petit poisson doré, qui lui dit :

— Ah ! pêcheur, j’ai voulu voler l’appât qui était accroché à ton hameçon ; c’est pour cela que tu m’as pris. Si tu veux me remettre à l’eau, tu pécheras tous les poissons que tu voudras ; tu n’auras qu’à m’appeler, et moi, qui suis le roi des poissons, je te les enverrai.

Le pêcheur remit à l’eau le petit poisson doré, et depuis, toutes les fois qu’il allait à la pêche, il prenait du poisson tant qu’il voulait.

Un jour que le bonhomme était en mer, il s’éleva une forte tempête et le bateau chavira. Le pêcheur allait se noyer quand il vit venir le petit poisson doré qui lui dit :

— N’aie pas peur, pêcheur, je viens te tirer d’affaire. Bois un peu de cette liqueur.

Dès que le bonhomme eut goûté à la bouteille que le poisson lui présentait, il sentit qu’il s'enfonçait dans la mer, et il s’y trouvait aussi à l’aise que sur terre. Il arriva bientôt avec le roi des poissons dans sa ville capitale, une belle ville bâtie sous les flots. On y voyait des poissons de toutes sortes, et les rues étaient pavées d’or, de pierreries et de diamants. Le pêcheur en remplit ses poches, puis le roi des poissons lui dit :

— Pêcheur, quand tu seras fatigué d’être avec nous, tu n’auras qu’à le dire.

— Hélas ! répondit le pêcheur, je resterais bien ici, car tout y est beau, mais j’ai là-haut ma femme et mes petits enfants, et ils doivent me croire perdu.

Le roi donna un coup de sifflet, et aussitôt il vit apparaître un gros thon.

— Thon, lui dit le roi, ce pêcheur va monter sur ton dos, et tu iras le déposer sur un rocher, de façon à ce que les autres pêcheurs l’aperçoivent et viennent le recueillir.

Quand il quitta la ville des poissons, les habitants vinrent lui faire leurs adieux, et leur roi lui remit une bourse en lui disant :

— Voici une bourse pleine d’or que je te donne ; à mesure que tu prendras dedans un louis, il en reviendra un autre, de sorte que tu ne pourras jamais l’épuiser.

Le pêcheur remercia le roi, puis il monta sur le dos du thon, qui alla le déposer sur un rocher en vue de son village. Il se mit à faire de grands signes avec les bras ; les pêcheurs l’aperçurent et ils mirent à l’eau un bateau pour aller chercher le naufragé. Quand ils arrivèrent près de lui, ils crurent d’abord que c’était un revenant, parce qu’il avait disparu en mer, il y avait plus de six mois. Il fut bien surpris en les entendant ; car il croyait n’avoir passé qu’un jour dans le monde sous-marin.

Il leur raconta qu’il avait vu la ville capitale des poissons, et, pour célébrer son retour, on fit dans le village des repas et des danses qui durèrent huit jours. Comme il possédait la bourse inépuisable, il ne voulut plus mettre le pied sur un bateau ; il resta à terre avec sa famille ; et s’il n’est pas mort il vit encore.

Conte issu du livre :

C'est une histoire que l'on retrouve également dans la légende d'Is :
Kristof & la véritable légende d’Is (eBook est offert en cliquant sur l'image)



LE CHÂTEAU SUSPENDU DANS LES AIRS



Il était une fois un pêcheur qui ne possédait pour tout bien qu’une petite cabane au bord de la mer, son bateau et ses filets. Il avait un fils qui allait avec lui à la pêche, et c’était un garçon de si bonne mine que, lorsqu’il passait, tout le monde se détournait pour le regarder. Il avait aussi trois filles presque du même âge et toutes les trois jolies.

Le pêcheur, qui était âgé, mourut ; son fils devint le chef de la famille, et tous les jours il allait à la pêche dans son bateau, afin de gagner de quoi donner à manger à toute sa maisonnée.

Un jour qu’il sortait de chez lui pour aller à la grève, il vit devant sa porte trois seigneurs qui lui demandèrent la permission d’entrer dans sa cabane pour s’y reposer quelques instants, car ils venaient de loin et étaient fatigués. Il y consentit très volontiers et il les reçut de son mieux. Ils s’assirent dans la cabane et ils furent si frappés de la beauté des sœurs qu’ils en devinrent tous les trois amoureux. Quelques jours après ils se marièrent avec elles, et après la noce les trois seigneurs, qui étaient le roi des Poissons, le roi des Oiseaux et le roi des Rats et des Souris, voulurent emmener avec eux leurs épousées. Avant de quitter leur beau-frère, ils lui firent chacun un présent : deux lui donnèrent de pesantes bourses pleines d’or, mais le cadeau du troisième était une vieille tabatière que le pêcheur mit dans la poche de sa vareuse, sans même avoir envie de l’ouvrir, car il pensait que son beau-frère avait voulu se moquer de lui.

Le pêcheur s’ennuya fort après le départ de ses soeurs, et comme il avait la bourse bien garnie, il quitta sa cabane, s’habilla comme un bourgeois cossu, et alla à Paris. Pendant deux ans il y mena joyeuse vie, car il ne manquait de rien, ayant de l’argent plein ses poches ; mais il finit par voir la fin de ses écus, et quand il n’eut plus rien que des dettes, ses amis lui tournèrent le dos, et il fut mis à la porte de sa maison. Il se souvint alors de son village où il avait une petite cabane, et il résolut d’y retourner pour recommencer à mener son métier de pêcheur. Mais quand il arriva à la petite anse où il avait laissé son bateaù, il ne le vit plus, car Mistrau l’avait enlevé, et il ne retrouva que son grappin et des bouts d’amarres à moitié pourris.


Il entra dans sa cabane qui avait aussi bien souffert du vent et de l’hiver, et il se mit à fouiller dans les poches de son cirage pour voir s’il n’y découvrirait pas quelque pièce de cent sous ; mais il eut beau retourner les poches, il n’y avait pas même une pauvre pièce de deux sous : il n’y restait plus que la vieille tabatière que son beau-frère lui avait donnée. Il se mit à la regarder et fut sur le point de la jeter dans un coin, mais il pensa qu’elle contenait peut-être du tabac, et il l’ouvrit pour voir. Dès qu’il eut touché au couvercle, il entendit une petite voix qui disait :

— Maître, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Ce qu’il y a pour mon service ? murmura le pêcheur bien ébahi d’ouïr parler sans voir personne, il y a beaucoup de choses ; pour le moment, je voudrais bien une table avec un bon dîner dessus.

Aussitôt se dressa devant lui une table couverte de pain et de viandes ; il y avait aussi des bouteilles de vin, et même le café et l’eau-de-vie n’étaient pas oubliés. Le pêcheur qui avait jeûné depuis quelques jours mangea de bon appétit, puis quand il n’eut plus faim, il rouvrit sa tabatière et lui ordonna de le transporter dans la chambre où dormait la fille du roi.


Aussitôt il s’éleva doucement au-dessus des nuages, comme s’il était porté sur les ailes des vents ; bientôt il fut déposé sur un lit bien souple, et il vit à côté de lui une princesse belle comme un jour et qui dormait si tranquillement qu’on entendait à peine son souffle. Le pêcheur resta en extase à la regarder, et au matin il rouvrit sa tabatière pour retourner à sa cabane avant le réveil de la princesse. Pendant trois jours, il se fit servir de bons repas, et pendant trois nuits il resta à regarder la fille du roi qui dormait ; plus il la regardait, plus elle lui plaisait ; mais il ne voulait point la réveiller, de peur de l’effrayer et de lui faire de la peine.

Cependant le père de la princesse fit publier à son de trompe dans tout son royaume et dans les pays voisins, que sa fille était en âge d’être mariée, et qu’il la donnerait à celui qui lui amènerait la plus grande quantité de grains ; car la récolte avait été mauvaise et ses sujets étaient menacés de la famine. De tous côtés on voyait sur les routes des chargements de grains, et des navires dont la cale était remplie de blé. Le jeune pêcheur fut content d’apprendre la promesse du roi ; car il pensait que grâce à sa tabatière, il pourrait peut-être devenir le mari de la princesse qui lui plaisait tant. Il ouvrit sa tabatière et lui demanda des charrettes chargées de blé avec de vigoureux attelages et des charretiers pour les conduire, et tout cela en si grand nombre que personne ne pût en amener autant. Aussitôt, à perte de vue, les routes furent couvertes de chariots et le pêcheur les amena au roi, qui trouva qu’à lui seul il apportait plus de grain que tous les autres ensemble. Il fut déclaré vainqueur, et huit jours après il épousa la princesse qui n’en fut point marrie, parce qu’il était joli garçon.

Le lendemain de ses noces, il ouvrit sa tabatière, et lui demanda un beau château qui serait suspendu au ciel par quatre chaînes d’or au-dessus du palais de son beau-père. Aussitôt il vit dans le ciel un château suspendu par des chaînes d’or : il était si beau que jamais on n’avait vu son pareil, et il brillait comme s’il avait été tout en or. Quand le roi vit ce bel édifice qui reluisait au soleil, il demanda à son gendre ce que cela pouvait être.

— Sire, répondit le pêcheur, c’est mon château que mes ouvriers invisibles ont bâti cette nuit au bas de votre jardin. Si vous voulez venir le visiter vous verrez que rien n’y manque.



Le roi embrassa son gendre, car il était ravi de lui voir un aussi beau château, et, quand il l’eut visité de la cave au grenier, il lui proposa de faire une partie de chasse, et ils se mirent en route tous les deux.

Cependant un des anciens amoureux de la princesse entra au château suspendu par des chaînes d’or pour le visiter, et il aperçut dans un coin une vieille tabatière tout usée. Bien étonné de la voir en ce lieu, il voulut l’ouvrir pour savoir ce qu’il y avait dedans : aussitôt il entendit une petite voix qui disait :

— Maître, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Ce qu’il y a pour mon service ? répondit le seigneur ; je veux que le château soit transporté à plus de quatre cent cinquante lieues d’ici.

À l’instant, il sentit le château remuer ; et il le vit passer au-dessus des grandes forêts et des vastes mers qu’il traversait en un clin d’œil. Enfin, il le vit s’arrêter au milieu d’un pays où, aussi loin que l’œil pouvait porter, on n’apercevait âme qui vive.


En revenant de la chasse avec son beau-père, le jeune pêcheur arriva sur un tertre d’où il pensait qu’il apercevrait son château mais il fut bien surpris de ne plus le voir. Il tâta ses poches et vit qu’il avait oublié sa tabatière. Le roi, voyant que le château avait disparu, entra dans une grande colère, et il jura sa parole de roi que, si avant deux mois son gendre ne lui ramenait pas la princesse, il le ferait écarteler par quatre chevaux.

Le pêcheur était bien triste ; mais il pensa que ses beaux-frères pourraient lui aider, et il se mit en route pour aller les voir. Il commença par aller trouver le roi des Poissons ; en entrant au palais, il embrassa sa sœur qui était heureuse comme une princesse qu’elle était, et, ayant raconté son malheur à son beau-frère, il lui demanda s’il n’avait pas entendu parler d’un château suspendu au ciel par quatre chaînes d’or.

— Non, répondit le roi des Poissons, je n’en ai point eu connaissance ; mais attends, je pense que dans un instant je pourrai te dire où il est.

Il plongea dans la mer, et il assembla tous ses sujets, depuis la baleine jusqu’à la puce de mer, et il leur demanda s’ils n’avaient point vu un château suspendu par quatre chaînés d’or ; mais ils déclarèrent tous que c’était la première fois qu’ils en entendaient parler. Comme le roi finissait de les interroger, il vit arriver un vieux Marsouin qui avait essuyé bien des coups de feu, et bien des tempêtes :

— Et toi, Marsouin, lui demanda le roi, n’as-tu pas vu le château suspendu en l’air par quatre chaînes d’or ?

— Non, répondit-il, je ne l’ai pas vu ; mais comme je me jouais sur les vagues, j’ai rencontré un aigle qui m’a parlé d’un château suspendu par quatre chaînes d’or ; un mariage doit y être célébré dans huit jours, et on y amène tant de viandes pour les invités que l’aigle m’a dit que jamais il n’avait mangé autant.

Le roi des Poissons remercia le vieux Marsouin, puis il sortit de la mer et vint raconter à son beau-frère ce qu’il avait appris.

Le pêcheur le remercia, puis il partit aussi tôt pour aller voir son autre beau-frère, le roi des Oiseaux. En arrivant à son palais, il embrassa sa sœur, et ayant raconté ses aventures au roi des Oiseaux, il lui demanda s’il n’avait pas ouï parler d’un château suspendu au ciel par quatre chaînes d’or. Le roi assembla ses sujets, et leur demanda s’ils avaient vu le château ; l’aigle répondit :

— Oui, je l’ai vu ; il brille comme de l’or, et un mariage doit y être célébré dans huit jours ; ce sera une belle noce, car dès maintenant il y a tant de viandes de toutes sortes qu’hier j’ai pu en manger tant que j’ai voulu.

— Pourrais-tu, demanda le roi, transporter un homme jusque-là ?

— Oui, répondit l’aigle ; mais auparavant il faut que je mange beaucoup, car la route sera longue.

Pendant toute la nuit on servit des viandes à l’aigle, et il s’en reput jusqu’au jour. Le matin venu, il prit sur son dos le jeune pêcheur, et s’envola pour aller au château suspendu par des chaînes d’or.

Pendant plusieurs heures, l’aigle vola sur une grande mer, si grande qu’on n’y voyait ni terre, ni île, rien que le ciel et l’eau ; mais comme ses forces faiblissaient, il déposa le pêcheur sur un rocher que la marée venait de laisser à découvert, puis il partit à tire d’ailes pour le château des quatre chaînes d’or, afin de s’emplir de nouveau le ventre de viandes, et de pouvoir reprendre l’homme sur son dos.

Le pêcheur resta seul sur le rocher, et le temps lui sembla long, car l’aigle ne revenait point et il savait que la marée haute recouvrait le rocher. Cependant la mer montait, montait, et le pêcheur avait beau regarder de tous ses yeux, il ne voyait point revenir l’aigle. Il se mit debout sur la pointe la plus élevée du rocher ; bientôt l’eau vint l’y trouver, elle baigna ses pieds, puis son genou, elle atteignit sa taille, puis ses épaules, et il ne voyait rien venir. Au moment où la vague lui arrivait jusqu’au menton, l’aigle parut ; et l’ayant pris sur son dos, il le déposa dans la cour du château où les noces devaient être célébrées le lendemain.


La femme du pêcheur était à sa fenêtre : elle reconnut son mari et fut bien heureuse de le voir, car elle l’aimait bien, et c’était contre son gré qu’elle l’avait quitté. Elle trouva moyen de lui parler secrètement et lui dit :

— Le seigneur qui m’a enlevée ne quitte jamais la tabatière magique, et tous les soirs en se couchant, il la met sous son oreiller, de sorte qu’il est malaisé de la prendre sans l’éveiller. Il faut que l’aigle aille trouver le mari de ta troisième sœur qui commande aux rats et aux souris, afin qu’il ordonne à quelques-uns de ses sujets de venir ici. Quand le seigneur ronflera, une petite souris ira lui fourrer la queue dans sa bouche entr’ouverte ; alors il toussera, et pendant qu’il sera sur son séant, tu pourras rentrer en possession de la tabatière.

L’aigle se hâta d’aller au pays des rats et des souris, et il ne tarda pas à revenir, apportant sur son dos une petite souris qui avait la mine fine comme tout, et un gros rat à longue queue. La nuit suivante, dès que le seigneur, qui avant de se coucher avait placé sous son oreiller la tabatière magique, se mit à ronfler, la petite souris lui fourra sa queue dans la bouche ; mais elle n’était pas assez longue et, sans se réveiller, l’homme la lui serra si fort qu’elle crut qu’il la lui avait écourtée ; elle se mit à cuiter, et il desserra les dents : aussitôt elle courut raconter à la femme du pêcheur qu’elle n’avait pu réussir parce que sa queue était trop courte.



Alors la dame ordonna au gros rat d’essayer à son tour ; il prit si bien ses mesures qu’il fourra sa queue jusque dans la gorge du seigneur. Celui-ci s’éveilla en sursaut, à moitié étranglé, et il se mit sur son séant, toussant et crachant comme s’il était prêt à rendre l’âme.

Pendant ce temps, le pêcheur qui était caché auprès du lit, avait passé la main sous l’oreiller et s’était saisi de la tabatière. Il l’ouvrit aussitôt et entendit une petite voix qui lui disait :

— Maître, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Je voudrais, répondit le pêcheur, que mon château soit de nouveau transporté dans le jardin de mon beau-père, à la place où il se trouvait avant que ce scélérat m’eût enlevé ma tabatière.

À l’instant il sentit que le château était soulevé et transporté dans les airs ; il le vit passer au-dessus des vastes mers et des grandes forêts qu’il traversait en un clin d’œil, et bientôt il fut posé immobile dans le jardin du roi, en face de son palais.

Le roi, qui s’éveillait en ce moment, se mit à la fenêtre et revoyant le château suspendu par quatre chaînes d’or entre le ciel et la terre, il se frotta les yeux, croyant qu’il avait la berlue ; mais il vit venir son gendre et sa fille qui l’embrassèrent et lui racontèrent ce qui était arrivé.

Il en fut bien joyeux, et pour punir celui qui s’était emparé de la tabatière magique, il le fit écarteler par quatre chevaux. Il y eut de grandes réjouissances pour célébrer le retour de la princesse, et le pêcheur vécut heureux avec elle ; mais il avait soin, de peur d’un nouvel accident, de porter toujours avec lui la tabatière enchantée.

recueilli par Paul Sébillot et conté en 1881 par Élie Ménard, de Plévenon.

Conte issu du livre :


L’Ankou est l’ouvrier de la mort (oberour ar maro).

Le dernier mort de l’année, dans chaque paroisse, devient l’Ankou de cette paroisse pour l’année suivante.

On dépeint l’Ankou, tantôt comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure ombragée d’un large feutre ; tantôt sous la forme d’un squelette drapé d’un linceul[2], et dont la tête vire sans cesse au haut de la colonne vertébrale, ainsi qu’une girouette autour de sa tige de fer, afin qu’il puisse embrasser d’un seul coup d’œil toute la région qu’il a mission de parcourir[3].

Dans l’un et l’autre cas, il tient à la main une faux. Celle-ci diffère des faux ordinaires, en ce qu’elle a le tranchant tourné en dehors. Aussi l’Ankou ne la ramène-t-il pas à lui, quand il fauche ; contrairement à ce que font les faucheurs de foin et les moissonneurs de blé, il la lance en avant.

Le char de l’Ankou (karrik ou karriguel ann Ankou est fait à peu près comme les charrettes dans lesquelles on transportait autrefois les morts[4].

Il est traîné d’ordinaire par deux chevaux attelés en flèche. Celui de devant est maigre, efflanqué, se tient à peine sur ses jambes. Celui du limon est gras, a le poil luisant, est franc du collier.

L’Ankou se tient debout dans la charrette.

Il est escorté de deux compagnons, qui tous deux cheminent à pied. L’un conduit par la bride le cheval de tête. L’autre a pour fonction d’ouvrir les barrières des champs ou des cours et les portes des maisons. C’est lui aussi qui empile dans la charrette les morts que l’Ankou a fauchés[5].

L’Ankou se sert d’un ossement humain pour aiguiser sa faux.

Quelquefois il en fait redresser le fer par les forgerons qui, sous prétexte d’ouvrage pressé, ne craignent pas de tenir leur feu allumé, le samedi soir, après minuit.

Mais le forgeron qui a travaillé pour l’Ankou ne travaille plus ensuite pour personne.

L’Ankou a deux pourvoyeuses principales qui sont :

1° La Peste (ar Vossen) ;

2° La Disette (ar Gernès, c’est-à-dire la Cherté).

extrait du livre La Légende de la mort en Basse-Bretagne d'Anatole Le Braz


Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, j’espère que ces trois histoires vous ont plu. N'hésitez pas à cliquer sur les illustrations pour aller plus loin et découvrir chacun de ces livres.

En attendant un prochain article, je vous souhaite de bien vous porter, Kenavo !


PS : Vous les voyez les livres dans la barre latérale et en haut de page ? (si je ne les ai pas déplacé depuis). Ce sont les livres que j'ai écrit et ce serait super que vous preniez le temps d'en lire un afin de me donner votre avis.

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