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L’ÎLE MYSTÉRIEUSE DE TANGUETHEN


DEMAT !!!


Aujourd’hui cette île ce nomme Saint Michel.  L'île Saint-Michel est située dans la rade de Lorient, entre Locmiquelic et Lorient. L'île accueille le monastère de Saint-Michel construite sur un ancien Tumulus qui abriterait la dépouille d’un grand guerrier, donnant naissance au nom de la ville de Locmiquelic (Petit Saint Michel). Elle est désormais inhabitée. J’ai dit inhabitée ? Pas tout à fait, elle sert officiellement de terrain d’entraînement pour les fusiliers marins et commando de la base de Lorient (56). Cette île est donc inaccessible pour les civils, pourtant elle dispose d’une longue et mystérieuse histoire.



Son véritable nom, ou du moins le plus ancien connu, est Tanguethen. En breton Tan signifie feu, Guethen est plutôt associé à un nom propre, selon certains dires, celui d’un guerrier que l’on retrouve de manières aléatoires (Guéthenoc, Guehen, Guehennec, Guezhen...). Tanguethen a aussi été traduit par « éclair de feu », « éclat de feu ». La seule signification clair, a aujourd’hui est le mot « feu ».





Une tradition ancienne avait confié à ses habitants, la surveillance des bateaux, et à leur chef le droit d’imposer une taxe sur la valeur des marchandises. Enrichie avec ce « DROIT DE TREPAS », la possession de Tanguethen était l’objet de bien des convoitises. L'île Saint-Michel est surmontée d'un tumulus sur lequel fut bâtie une chapelle dédiée à Saint Michel. En effet, le propriétaire de l'ile, seigneur d'Hennebont, maitre du Kemenet-Héboé, disposait avant le XIe siècle du droit de prélever une taxe sur les marchandises circulant par bateau sur la rade, ainsi que sur le vin débarqué au port de Blavia (Blavet puis Port Louis). Cependant, Huelin d'Hennebont fit don en 1037 de cette ile stratégique ainsi que des églises Saint-Gurthiern et Saint-Méloir de l'ile de Groix à l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, lui assurant de confortables revenus, mais surtout pour s’offrir les bonnes pensées des Saints certainement pour expié quelques actes malveillants.
En 1033, parvient à l’abbaye un texte ainsi rédigé :
« Moi UGOLIN, seigneur d’HENNEBONT et du KERMENET-HEBOE, pour le salut de mon âme, de celle de mon épouse EVR ?? et celles de mes enfants, fais don à l’Abbaye de Sainte Croix de l’île de TANGUETHEN, telles que je l’ai reçue avec les droits attachées à sa possession. »
 Les abbés y établirent le Prieuré de Saint-Michel-des-Montagnes. Les moines de Quimperlé, devenus propriétaires de l’île exerceront leur droit de trépas à leur tour. En cette même année, 1033, les moines changeront l’appellation « ILE DE TANGUETHEN pour lui attribuer celui d’ILE SAINT MICHEL ». Il est intéressant de précisé que Michel est un personnage de la religion abrahamique (Judaïsme, Christianisme, Islam). Son nom vient de l'hébreu (étymologiquement Mi, Cha « qui est semblable », et El « Clarté, Lumière, Lumineux, Dieu », Elohim), signifiant « Qui est comme Dieu ». Saint Michel est appelé « l’archange » ou ange en chef dans la Bible. Il est aussi appelé : Défenseur de la Foi, chef des forces du ciel, de la milice céleste, champion du Bien. On retrouve donc ici un autre grand guerrier alors que l’île aurait pu être associée à Saint Nicolas, protecteur des marins et métiers de la mer.



L’abbaye de Sainte Croix perd peu à peu le contrôle de l’île et, en 1613, consent sa cession au collège des prêtres de l’Oratoire, moyennant une rente de 50 livres par an. Ce transfert ne redonne pas de lustres à l’ile. La gestion des intendants des Oratoires n’est pas sans critique .La création de Port-Louis, en 1618, prive l’île de ses droits et de ses taxes. La vie religieuse disparait progressivement et, après 1645, les offices ne sont plus célébrés.




La construction de Lorient à partir du 31 août 1666 renouvelle l’intérêt porté à l’île Saint-Michel. La conservation des poudres à canon fait peser une menace permanente sur la ville et les magasins de la Compagnie. De plus, la rade de Port-Louis est désignée à partir de 1669 comme port de retour de tous les vaisseaux du commerce des Indes .Le problème se pose alors de l’accueil des malade, nombreux au retour des campagnes, et qui représentent un danger certain d’épidémie. Poudrière ou hôpital, l’île semble l’endroit idéal, mais ces projets ne tardent pas à trouver leurs adversaires. Les opposants au lazaret font valoir que l’île est un lieu de passage fréquenté ; il y a un bac à cet endroit, nommé le passage de Bec-Kergroès, ou de Sainte Catherine , et reliant ces deux pointes, affermé par l’Oratoire pour cent livres par an ; et qu’il « serait fort à craindre que le mauvais air de ce lazaret ne se communiquent bientôt dans tous les endroits .Car quand le vent serait au nord, il le soufflerait sur le Port-Louis ; quand il serait au sud, il le porterait sur Lorient ; et quand il serait à l’ouest, il le soufflerait sur tous les bateaux qui passent continuellement à une portée de mousquet de cet îlot ».

L’idée d’une poudrière, en revanche, fait son chemin. Le 1er juin 1720, M.de Rigby, directeur de la Compagnie des Indes à Lorient, présente un projet de cession de 435 toises de terrain de l’île Saint destiné à y établir un magasin pour soixante milliers de poudre , et fait commencer les travaux sans même attendre le consentement des Oratoriens . Une maison et des magasins sont construits. Mais, en dépit de la signature en 1726 d’un contrat d’afféagement mettant l’île tout entière à la disposition de la Compagnie, et du projet d’y transférer les moulins à blé établis jusqu’ alors dans l’enclos de la Compagnie à Lorient , les travaux sont abandonnés. Les villes commerçantes du royaume mirent en avant les dangers d’explosion pour les navires en rade, et l’augmentation du taux d’assurance qui allait en découler. La Compagnie dut affermer en 1730 le château de Tréfaven pour y loger ses poudres, et conserva ses moulins à l’intérieur de l’enclos.



En 1791, les vieux projets de poudrière et de moulins à vent sont repris sans plus de succès. La Marine se réimplante cependant sur l’île, qui sert sous la République et l’Empire à accueillir les malades des vaisseaux. Les hommes campent sous des tentes. Les morts sont inhumés sur place, même après le transfert des malades à Sainte Catherine.

Vient alors le temps des grandes épidémies dont celle de fièvre jaune en 1818 à bord de la Bretonne. Les navires suspects doivent obligatoirement relâcher à Lorient, ou est créé un comité conservatoire de la Santé publique.

Dans ces conditions, le projet de lazaret conçu en 1817 par le Directeur des Travaux Maritimes Lamblardie, est repris sans tarder. Le 5 novembre 1821, la Marine fait remise de l’île au Ministère de l’Intérieur. Le 2 juillet 1823, une ordonnance royale porte création du lazaret de Saint-Michel. Les travaux, commencés en 1824 sue les plans de M. de Lussault, sont terminés le 8 mai 1830. La révolution et la nouvelle d’une épidémie de choléra dans le Nord conduisent à compléter l’équipement existant, et à construire au nord de l’île de nouveaux bâtiments. On obtient ainsi une capacité de cinq cents malades environ, plus quatre-vingts logés à Sainte Catherine. C’est à ce moment que cesse les épidémies, et que les constructions deviennent inutiles. Le lazaret est supprimé le 10 février 1850 et la Marine rentre une nouvelle fois en possession de l’île.

L’aspect de l’île a changé. La chapelle Saint-Michel a été détruite en 1820, et les anciens bâtiments qui menaçaient ruine ont cédé la place aux locaux du lazaret. Que faire de ces derniers ? Dès 1852, la Marine les réemploie comme poudrière, salle d’apprêté, ateliers d’artifices et surtout magasins de stockages pour les munitions, sous la surveillance d’un officier. Petit à petit, l’établissement prend de l’importance. À la fin du XIXème siècle, Lorient est chargé de l’approvisionnement de tous les ports, sauf Toulon, en obus à la mélinite. L’île se révèle fort exiguë, et les conditions de sécurité, malgré l’installation de nombreux paratonnerres sont loin d’être idéal. Aussi réclame- t-on que le lieu de stockage des munitions soit transféré ailleurs.

L’île retrouve aussi un rôle défensif qu’elle avait perdu du fait du développement de l’artillerie navale ; des mitrailleuses de D.C.A. de 13,2 mm y sont installées. Sous l’occupation allemande, ce rôle est renforcé. L’île Saint-Michel fait partie des points d’appui chargée de la défense des abords de la base sous-marine de Keroman. Une garnison de troupe de forteresse y est installée, et on y construit des bunkers et des emplacements de tir de canons de 88 mm, qui prendront part aux combats de la poche. Surtout, les Allemands y entassent un très grand nombre de munitions de toutes sortes et minent le terrain. A la libération, l’île n’est plus employée. Les bombardements ont détruit en grande partie les bâtiments, et les broussailles se développent, rendant l’accès pratiquement impossible.
L’opération « Crevette » permet eu Centre Amphibie d’assainir en 1969 avec l’aide de la D.C.A.N. (Direction des Constructions et Armes Navales) la passe Est ou les Allemands avaient procédés à d’importants noyages de munitions en 1943. Le nettoyage de l’île et de ses grèves est confié à la D.C.A.N. de Lorient, et prend le nom d’opération « Dragon ». Exécutée entre le 15 février 1970 et le 14 septembre 1973, elle permet de récupérer 172 000 engins environ ainsi que 600 kilos de poudre et d’explosifs.

L’île restera ensuite aux mains de l’armé en tant que terrain d’entraînement pour les fusiliers marins et commando comprenant un cinétir ainsi qu’un parcours de survie et d’évasion pour le combat en localité.



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Commentaires

  1. Très intéressant ! Ce que ne dit pas l'article c'est que Saint Michel dans la religion est le personnage qui terrasse le dragon, et c'est pour ça que symboliquement les catholiques ont érigé des chapelles dédiées à lui sur des lieux de cultes païens : le saint représentant la victoire de la religion catholique sur la religion celtique symbolisée par le dragon. Ces chapelles sont souvent situées sur des hauteurs, qui étaient d'importants lieux de culte avant l'arrivée des chrétiens (le Mont Saint-Michel en est le meilleur exemple).
    Il ne dit pas non plus que "guethen" ("gwezhen" en breton moderne) veut dire "combat".

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