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Tode Sakugawa et les pirates chinois

Tode Sakugawa et les pirates chinois



À cette époque lointaine, le royaume des Ryu-Kyu devait apporter un tribut au grand empire de Chine.

Cette année là, Sakugawa (« Teruya Chikudon Peichin Kanga » de son vrai nom) faisait route sur le bateau officiel du royaume en compagnie de personnalités importantes. Il devait avoir une trentaine d’années et était envoyé en Chine comme étudiant par l’administration du royaume des Ryu-Kyu pour y développer ses qualités physiques et intellectuelles. Le tribut était composé de riches marchandises qu’il fallait absolument protéger des pirates des mers de Chine.


Le capitaine et l’équipage du Shinkôsen (nom du navire spécial qui apportait le tribut à la dynastie des Ming) se devaient de défendre coûte que coûte ce précieux chargement. Bien sûr le navire était armé, mais surtout chaque passager était tenu, par ordre du roi, d’aider l’équipage en cas d’abordage par les pirates.

La réputation de Sakugawa en ce temps-là était déjà très grande. Certes, il ne connaissait pas grand-chose au combat maritime, mais avoir un tel combattant près de soi était rassurant.

Le chef de la sécurité du navire en fit son assistant.

« Tu as vu qui est là pour nous protéger ? »

« Non ! »

« Tode Sakugawa lui-même ! »

« Quoi ? Le célèbre Bushi. Celui devant qui même les Samurais de Satsuma* tremblent ! »

« Oui, c’est lui. Il assiste le chef de la sécurité, je pense que nous ne risquons rien durant ce voyage. »

« Quel bonheur nous pourrons boire à satiété, sans soucis ! La vie est belle ».


Ainsi le voyage se déroulait sans encombre, les jours se succédaient sans la moindre trace des dangereux pirates. Avaient-ils eu vent que le célèbre Tode Sakugawa, celui qui maîtrisait l’art martial secret du royaume était parmi les passagers ? L’esprit tranquille, tout le monde vaquait à ses occupations.

Les côtes de l’empire du Milieu se rapprochaient. Le soir tombait, c’était la dernière nuit de voyage avant l’arrivée à Fuzhou et tout le monde se réjouissait de fouler de nouveau la terre ferme.

C’était une nuit sans lune, les nuages obscurcissaient l’horizon, mais le moral de tout le monde était au beau fixe après ce voyage sans encombre.


Soudain, un grand bruit éclata dans la nuit, des hurlements sauvages fusèrent de l’obscurité, puis des flèches jaillirent vers leurs cibles comme sorties du néant.

- « Nous sommes cernés, les pirates, les pirates » cria le vigile de permanence avant de tomber sous une nuée de flèches.


Tode Sakugawa dès le premier bruit avait compris et ne perdant pas un instant, se débarrassa de ses vêtements afin de ne pas être gêné dans ses mouvements et aussi pour ne pas se faire agripper par un pirate. Il saisit son Bô (bâton de 1,81 mètre toujours utilisé en Bôjutsu) qui était toujours près de lui et se précipita sur le pont où une mêlée indescriptible opposait les pirates à l’équipage.

Il se déplaçait en hurlant des poèmes, tant pour effrayer les pirates que pour donner du courage à ses compagnons.

Son Bô frappait devant, derrière. Il se déplaçait à une vitesse folle avec de grands gestes circulaires et petit à petit le vide se fit autour de lui.


Il restait pourtant un pirate, d’une force exceptionnelle, qui se battait avec férocité et détruisait tout sur son passage. Malgré l’obscurité, Kanga pouvait deviner le sourire de la brute. Sans perde un instant, il se dirigea vers lui, mais à ce moment-là il sentit dans son dos la présence de plusieurs bandits. Combien étaient-ils ? Quatre ? Cinq ? Peut-être plus.

Sakugawa n’avait pas le temps de réfléchir, il se tourna et utilisant son Bô dans la largeur, tenta de tous les envoyer par-dessus bord. La manœuvre réussit, mais il fut emporté lui aussi à la mer. Tout le monde pensa que le grand Sakugawa avait péri dans les flots.


Le lendemain, une patrouille navale du Fukian recueillit quelques pirates tombés à la mer. Les Chinois les arrêtèrent et ils furent mis au cachot. Parmi eux se trouvait Sakugawa bel et bien vivant. Il fut lui aussi accusé de piraterie. Il tenta d’expliquer la situation, mais rien n’y fit et il fut transféré à Pékin avec les autres prisonniers pour y être jugé.


À cette époque la piraterie était un gros problème pour l’Empire chinois et l’administration était sans pitié. Sans surprise, le juge de l’administration pénale prononça la peine de mort pour tous. Le jour de l’exécution arriva. Comme de coutume, on donna comme dernier repas aux condamnés un véritable festin. Tous se jetèrent dessus et mangèrent comme de vulgaires cochons, sauf Kanga. En signe de protestation, il refusait de toucher à la nourriture bien qu’il n’eût rien mangé depuis plusieurs jours et continuait à clamer haut et fort son innocence.


Les gardes chinois s’étonnèrent de cet incident.

« Tu as vu ce gueux ? Il ne veut même pas manger ! Quel gaspillage, on ne nous donne pas une si bonne nourriture à nous ! »

« C’est étonnant, cela fait 15 ans que je suis garde et je n’ai jamais vu ça ! On doit en parler au chef ! »

« Laisse tomber, s’il ne veut pas manger c’est son problème pas le nôtre »

« Non, je vais rapporter ce fait »


Le responsable des gardes fut très troublé par ce comportement aussi complètement inhabituel, et alla interroger le pirate »

« Pourquoi te comportes-tu ainsi ? »

« Je ne suis pas un pirate, je suis Sakugawa Kanga l’envoyé du roi des Ryu-Kyu. J’ai combattu les pirates et je suis tombé à la mer avec eux ! »


L’histoire du combat héroïque et de la bravoure du Bushi Sakugawa était parvenue jusqu’aux oreilles du responsable des gardes. Celui-ci comprit tout de suite à qui il avait à faire.

Non seulement Sakugawa fut libéré, mais les dignitaires de Pékin enthousiasmés par son courage l’autorisèrent à rester et à pratiquer la boxe chinoise.


*— En 1609 Okinawa fut envahie par le clan Satsuma (de la région de Kagoshima), mais laissa une relative indépendance au petit royaume afin de pouvoir commercer avec la Chine.


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